Des comptes annuels 2023 placés sous le signe de la prospérité pour les Banques Cantonales
Piliers de fiabilité de la place financière suisse, les Banques Cantonales affichent un très bon exercice 2023. Grâce à la bonne dynamique des opérations d’intérêts, les 24 établissements ont pu porter leur bénéfice cumulé de l’exercice à 4,3 milliards de francs (+19 %). Les distributions aux cantons et aux communes s’élèvent à quelque 2,1 milliards de francs.
En 2023, les Banques Cantonales ont fait face avec brio aux événements liés au Credit Suisse, à la volatilité des marchés boursiers et aux défis géopolitiques, et signent ainsi un très bon exercice financier. « Dans les périodes de turbulences, les Banques Cantonales sont souvent perçues par la clientèle bancaire comme une valeur sûre, souligne Hanspeter Hess, directeur de l’UBCS. Ce n’est ni un hasard, ni de la chance. Cette confiance justifiée repose sur un modèle d’affaires clair, des prestations fiables et une réputation jamais entachée de scandales. Mais le principal moteur de ces bons résultats 2023 réside assurément dans les opérations d’intérêts. »
Dynamisme des opérations d’intérêts
Les opérations d’intérêts représentent toujours la source de revenus la plus solide des Banques Cantonales, avec une part de deux tiers. Au 31 décembre 2023, les opérations d’intérêts des 24 établissements affichent un résultat net cumulé de 7,6 milliards de francs, soit une progression de 24,5 % par rapport à l’exercice précédent. Au premier semestre 2023, en particulier, la politique monétaire et la hausse rapide de la courbe des rendements ont largement soutenu ce segment. Pour la première fois depuis huit ans, le taux directeur était à nouveau en territoire positif pendant la totalité de l’exercice.
Les autres sources de revenus ont également connu une évolution positive. Le résultat des opérations de commissions et des prestations de service a progressé de 1,4 % en 2023, à 2,7 milliards de francs. Et celui des opérations de négoce a gagné 4,8 % à environ 1,1 milliard de francs. Au total, les produits s’élèvent à 11,7 milliards de francs (+16,2 %).
Des employeurs importants dans les régions
La bonne marche des affaires se reflète également dans les effectifs du personnel, de sorte que 873 nouveaux emplois ont été créés l’an dernier. Fin 2023, les Banques Cantonales employaient au total 20’306 personnes (équivalents temps plein), ce qui fait d’elles des employeurs importants dans leurs régions respectives. Malgré l’augmentation des effectifs, les charges d’exploitation affichent, avec 357 millions de francs ou 6,8 %, une hausse nettement inférieure à la progression des produits. Le coefficient d’exploitation moyen des Banques Cantonales a reculé à 47,9 % (exercice précédent : 52,2 %).
Augmentation des distributions aux cantons et aux communes
Le très bon résultat opérationnel de 5,6 milliards de francs (+30,2 %) permet aux Banques Cantonales de renforcer encore leur substance de couverture des risques et de constituer des réserves supplémentaires de 960,1 millions de francs pour les risques bancaires généraux. Au final, le bénéfice net s’élève à 4,3 milliards de francs, soit une progression de 693,2 millions (+19%) par rapport au résultat cumulé de l’exercice précédent.
Les pouvoirs publics bénéficient largement de la bonne marche des affaires. Les Banques Cantonales distribuent environ la moitié du bénéfice aux cantons et aux communes, sous la forme de participations au bénéfice, de rémunérations pour les fonds propres, de dividendes, d’indemnités pour la garantie de l’État ou encore d’impôts. Pour l’année 2023, cantons et communes bénéficient de prestations financières à hauteur de 2,1 milliards de francs. Cela représente environ 240 francs par habitant en Suisse.
Croissance responsable des prêts à la clientèle
Les Banques Cantonales misent sur une croissance responsable et contrôlée de leur bilan. Le montant total de l’actif est resté stable par rapport à l’exercice précédent (-0,3 %). Au vu de la bonne performance d’acquisition dans le segment des prêts à la clientèle (+4,3 %), cela tient en premier lieu à la réduction des liquidités. Fin 2023, le total des prêts s’élevait à 536,7 milliards de francs, dont 479 milliards de francs de créances couvertes par des hypothèques (+4,4 %). Du côté du passif, les engagements à l’égard de la clientèle ont légèrement diminué, sous l’influence des arbitrages dans les solutions de placement et des transferts dans les activités hors bilan. Ils s’élèvent ainsi à 457,7 milliards de francs (-0,9 %). Les fonds de la clientèle couvrent environ 85,3 % des prêts.
La solidité et la sécurité sont des piliers essentiels de la confiance accordée aux Banques Cantonales. Au 31 décembre 2023, celles-ci ont pu consolider leur capitalisation déjà solide, avec des fonds propres (fonds propres de base, net tier 1) à 59,9 milliards de francs (+6,1 %). Fortes de ratios de fonds propres pondérés situés entre 16,5 % et 25,7 %, toutes les Banques Cantonales dépassent nettement le seuil réglementaire. La moyenne des ratios de fonds propres non pondérés s’élève à 7,8 %.
Renforcer la place financière par des mesures ciblées
En 2023, la place bancaire a vécu un séisme avec la reprise du Credit Suisse par UBS. Mercredi dernier, le Conseil fédéral a publié son rapport sur la stabilité des banques, qui identifie des orientations potentielles pour renforcer encore la stabilité de la place financière. Du point de vue des Banques Cantonales, il est essentiel que les adaptations du cadre réglementaire reposent sur des connaissances fondées, qu’elles apportent une contribution ciblée à la résolution d’un problème défini et qu’elles soient conçues de manière différenciée. Comme le rapport du Conseil fédéral évalue, conformément au mandat, le dispositif TBTF existant, les éventuelles mesures doivent s'adresser en premier lieu aux banques TBTF. À cet égard, il convient de faire une distinction claire entre les banques d'importance systémique internationale (G-SIB) et les banques d'importance systémique nationale (D-SIB). Les autres banques ne doivent être concernées que de manière ponctuelle. Les différentes catégories de banques se distinguent essentiellement par leur complexité, leur profil de risque et leur capacité d’assainissement et de liquidation. Elles ont donc des implications très différentes pour la stabilité du système. La prise de position complète de l’UBCS sur le rapport est disponible sur ubcs.ch.